21. 10. 2025
21. 10. 2025
La mobilité en Inde : croissance rapide, objectifs ambitieux et opportunités pour la Suisse
L’Inde connaît actuellement une transformation sans précédent en matière de mobilité et d’infrastructure : plus de 7 milliards de passagers par an dans les trains, un développement incroyable du réseau ferroviaire et autoroutier, de nouveaux corridors à grande vitesse, 23 villes dotées d’un métro et des objectifs ambitieux en matière de trafic de marchandises témoignent de l’énorme potentiel de ce pays. D’ici 2047, l’Inde souhaite devenir une nation industrielle pleinement développée, et à cette fin, une mobilité moderne et durable joue un rôle crucial. La Suisse, en tant que fournisseur de technologies de transport de premier ordre, peut y apporter une contribution significative. Cet article de blog décrit cette évolution et met le doigt sur les nombreuses opportunités qui s’ouvrent à la branche des TP suisse orientée vers l’exportation.
Situation quotidienne dans une gare du nord de l'Inde : les trains des chemins de fer indiens – ici avec des wagons de deuxième classe et pour les personnes à mobilité réduite – sont sur le départ.
Par Michael Bützer, directeur de la LITRA
Des développements exceptionnels dans toutes les infrastructures de transport indiennes
Avec environ 1,4 milliard d’habitants, l’Inde est le pays le plus peuplé au monde. Indian Railways est l’un des plus grands employeurs. Plus de 1,2 million de personnes travaillent pour les chemins de fer indiens, ce qui montre clairement que l’Inde est un « pays du chemin de fer ». Indian Railways transporte 23 millions de passagers dans ses trains chaque jour, soit près de 7 milliards de passagers par an. Le réseau ferroviaire indien compte plus de 7 300 gares. L’ampleur de cette demande impose des exigences élevées en termes de capacité et de fiabilité. En conséquence, le gouvernement indien investit massivement dans l’aménagement et la modernisation du réseau ferroviaire. Les chemins de fer indiens enregistrent également des chiffres records dans le domaine du trafic de marchandises : l’année dernière, plus de 1,6 billion de tonnes-kilomètres de marchandises ont été transportées.
L’un des projets de modernisation les plus importants est l’électrification complète du réseau ferroviaire. Aujourd’hui, 99 % du réseau à voie large est déjà électrifié. Cela fait partie du plan visant à rendre le transport ferroviaire climatiquement neutre d’ici 2030 (« Net Zero Carbon »). Pour atteindre cet objectif, Indian Railways a électrifié plus de 45 000 kilomètres de voies depuis 2014, ce qui représente pour nous un incroyable exploit ! Actuellement, le reste est achevé aussi rapidement que possible, souvent à un rythme soutenu d’environ 20 kilomètres d’électrification par jour. Parallèlement, plus de 2 000 gares seront équipées d’installations solaires en vue de produire une partie importante du courant ferroviaire à partir de sources renouvelables à l’avenir.
Michael Bützer et Andreas Haas à côté d’une locomotive WAP 5 de Indian Railways. Les locomotives de ce type ont été initialement développées à l’aide de la technologie suisse d’ABB/BBC et illustrent le partenariat technologique de longue date entre l’Inde et la Suisse.
Un autre projet innovant est l’introduction du système indien de contrôle automatique des trains « Kavach ». Ce système de sécurité automatique permet d’éviter les collisions entre les trains et surveille la vitesse, les signaux et l’occupation des voies. Kavach fonctionne de manière similaire au système ETCS européen, mais a été entièrement conçu en Inde. Il est déjà utilisé sur plus de 1 500 kilomètres de voies et devrait progressivement s’étendre à l’ensemble du réseau principal d’ici 2030. Aujourd’hui, environ 700 locomotives sont déjà équipées des appareils embarqués correspondants. Un fait particulièrement remarquable : Kavach a pu être développé, certifié et mis en œuvre en peu de temps, ce qui illustre bien la rapidité des progrès numériques dans le système ferroviaire indien.
Trafic de marchandises : de nouveaux corridors et des objectifs ambitieux
Le gouvernement indien souhaite également augmenter considérablement la part du rail dans le trafic de marchandises. Actuellement, un quart des marchandises sont transportées par rail sur le territoire national. Cette part devrait passer à 45 % d’ici 2030. Indian Railways vise ainsi à doubler pratiquement le volume annuel de marchandises transportées pour atteindre 3 milliards de tonnes. Les nouveaux Dedicated Freight Corridors (DFC), c’est-à-dire des corridors réservés au trafic de marchandises, en constituent la base essentielle. Les deux premiers, un corridor Est et un corridor Ouest traversant l’Inde, sont sur le point d’être achevés : plus de 96 % des 2 843 kilomètres que comptent ces lignes sont déjà terminés. Des voies ferrées aussi performantes permettent d’atteindre des vitesses plus élevées et d’utiliser des trains plus longs, ce qui rend le transport plus efficace. D’autres corridors sont prévus à moyen et long terme.
Aménagement rapide de rails et de routes
Tout comme les chemins de fer, les infrastructures routières indiennes connaissent une croissance fulgurante. Actuellement, 15 kilomètres de nouveaux tronçons (nouvelles constructions, doubles voies et réaménagements) sont ajoutés chaque jour au réseau. Il y a dix ans, ce rythme était encore d’environ 4 kilomètres par jour. Au total, 5 300 kilomètres de voies ferrées ont donc été mis en service l’année dernière, ce qui correspond à presque l’ensemble du réseau ferroviaire suisse ! L’aménagement des routes nationales est tout aussi impressionnant : l’activité de construction a triplé entre 2014 et aujourd’hui. Actuellement, environ 34 kilomètres d’autoroute sont construits chaque jour. Le réseau routier national en Inde s’est ainsi étendu et dépasse les 146 000 kilomètres. Ces investissements dans les infrastructures routières et ferroviaires visent à éliminer les goulets d’étranglement, à améliorer la desserte des régions rurales et à poser les bases d’une croissance économique durable.
Le projet de ligne à grande vitesse Mumbai-Ahmedabad
Le premier train à grande vitesse indien, qui relie Mumbai à Ahmedabad, est un projet prestigieux de cette nouvelle ère d'infrastructure. Avec le soutien du Japon, une ligne ferroviaire de 508 kilomètres inspirée du Shinkansen est en cours de construction. Malgré quelques retards, le projet progresse de manière significative : plus de 240 kilomètres de viaducs ferroviaires sont terminés, de nombreux ponts fluviaux ont été construits et les travaux de creusement de tunnels se poursuivent. Dans l’État du Gujarat, les premiers tronçons devraient être mis en service dès 2027. L’achèvement complet de la ligne jusqu’au centre-ville de Mumbai est prévu pour 2028. Le gouvernement indien espère que le « Bullet Train » permettra non seulement de réduire les temps de trajet, mais aussi de favoriser les transferts de technologie et de stimuler l’économie locale tout le long du tronçon. Ce projet fait office de modèle pour d’autres corridors à grande vitesse prévus en Inde.
Train de la nouvelle ligne de métro « Yellow Line Extension » de New Delhi dans une station souterraine. Le métro de Delhi est considéré comme un pionnier du transport ferroviaire urbain en Inde. Il est économe en énergie, entièrement climatisé et fait l’objet d’aménagements continus. Avec plus de 400 km de lignes, il s’agit de l’un des réseaux de métro les plus modernes d’Asie.
Trafic urbain : essor du métro et téléphériques
L’Inde connaît également un essor des investissements dans le transport urbain de passagers. Des réseaux de métro urbains sont déjà en service ou en construction dans 23 grandes villes. La longueur totale des lignes de métro est passée de 248 kilomètres en 2014 à plus de 1 000 kilomètres en 2025. L’Inde dispose ainsi désormais de la troisième plus grande infrastructure de métro au monde (après la Chine et les États-Unis). Actuellement, environ 6 kilomètres de nouveaux tronçons de métro viennent s’y ajouter chaque mois. Parallèlement, le budget annuel consacré à l’aménagement du métro a été multiplié par six pour atteindre l’équivalent de plus de 4 milliards de francs suisses, afin de répondre aux besoins en moyens de transport modernes dans les mégapoles.
Bus électrique de la Delhi Transport Corporation (DTC) dans les rues de la capitale. L’Inde investit massivement dans l’électrification de ses flottes de bus : rien qu’à Delhi, plus de 1 300 bus électriques sont déjà en service, et des milliers d’autres suivront. L’objectif est de parvenir à une flotte de bus sans émissions d’ici 2030.
Les systèmes de téléphériques urbains constituent une autre solution innovante. Dans le cadre du programme Parvatmala, le gouvernement central encourage la construction de téléphériques dans les régions montagneuses et les centres touristiques. Le cabinet a récemment donné son feu vert pour deux grands projets de téléphériques dans l’Uttarakhand. Ces Ropeways ont pour but de désengorger le trafic dans les zones difficiles d’accès ou densément peuplées, tout en constituant une attraction respectueuse de l’environnement. Les grandes villes envisagent également de plus en plus souvent l’utilisation des téléphériques comme moyen de transport public. Le projet de périphérique urbain à Varanasi, mené par la société suisse Bartholet Maschinenbau AG, en est un exemple. L’installation comprend un tronçon d’environ 3,8 kilomètres avec cinq stations et devrait désengorger la liaison fortement saturée entre la gare et la vieille ville à partir de 2026, L’Assurance suisse contre les risques à l’exportation SERV accompagne le projet et constitue ainsi un pilier central pour le financement et la minimisation des risques dans ce nouvel environnement de marché.
Tronçon de téléphérique au-dessus des toits de Varanasi : le projet de téléphérique urbain de la société suisse Bartholet devrait y être mis en service à partir de 2026 – il s’agira du premier téléphérique urbain en Inde. Cette liaison d’environ 3,8 kilomètres devrait permettre de désengorger le centre-ville très saturé.
Le trafic aérien et la navigation également en plein essor
L’Inde investit non seulement dans les routes et les chemins de fer, mais aussi de plus en plus dans le développement du trafic aérien et de la navigation. Depuis 2017, le plan national de développement des aéroports régionaux (UDAN – Ude Desh ka Aam Naagrik) a permis de développer ou de réactiver plus de 70 aéroports régionaux pour une meilleure desserte des régions isolées. D’ici 2040, 220 aéroports devraient être en service dans tout le pays, contre environ 150 actuellement. La construction de nouveaux terminaux, l’électrification des opérations au sol et l’introduction de carburants durables font partie d’une stratégie de modernisation globale. Parallèlement, le gouvernement indien vise à renforcer le rôle des voies navigables intérieures en tant que quatrième mode de transport. Dans le cadre du projet Jal Marg Vikas par exemple, la National Waterway 1 (corridor fluvial du Gange) est en cours d’aménagement afin de permettre le transport de marchandises lourdes sur environ 1 600 kilomètres entre Haldia et Varanasi. Plusieurs États encouragent les traversées par ferry RoPax, les centres de transbordement de marchandises et les hubs multimodaux, afin de rendre le transport combiné entre les voies navigables, le rail et la route plus performant.
Vision 2047 (Viksit Bharat 2047) : l’Inde en tant que nation développée
Toutes ces initiatives en matière d’infrastructures s’inscrivent dans un objectif national de développement plus vaste. D’ici le 100e anniversaire de son indépendance en 2047, l’Inde aspire à devenir une « nation développée » (Viksit Bharat). Cette ligne directrice comprend une croissance économique durable, une infrastructure moderne et une grande qualité de vie dans tout le pays. L’aménagement global des systèmes de transport sur le rail, la route, le trafic aérien et la navigation est essentiel pour accroître la performance économique et réduire les disparités régionales. Des programmes gouvernementaux tels que PM GatiShakti (une planification intégrale des infrastructures à l’échelle interministérielle) et la National Logistics Policy visent à assurer une coordination efficace entre les différents modes de transport. Les succès obtenus jusqu’à présent soulignent la détermination de l’Inde à poursuivre sur cette voie. Par ailleurs, New Delhi insiste sur l’aspect de la durabilité : d’ici 2030, Indian Railways souhaite non seulement être entièrement électrifié, mais aussi fonctionner de manière neutre pour le climat. Dans le secteur routier, la mobilité électrique et les carburants alternatifs gagnent en importance. Globalement, l’infrastructure de transport du pays devrait répondre aux normes mondiales en 2047. Il s’agit d’un objectif ambitieux, qui est également suivi de près au niveau international.
© https://www.jncasr.ac.in/viksit-bharat-2047
Un partenariat de mobilité qui ouvre des perspectives : voyage de la délégation Swissrail en Inde
L’Inde, un marché en pleine croissance – la Suisse, un partenaire en matière de mobilité
Le développement dynamique de l’Inde ouvre de nouvelles opportunités aux entreprises suisses. À cet égard, le nouvel accord de libre-échange entre l’Inde et les États de l’AELE (qui inclut la Suisse), connu sous le nom d’accord de partenariat commercial et économique (APCE), constitue une étape importante. Après des années de négociation, l’APCE a été signé en mars 2024 et il est entré en vigueur en octobre 2025. Il établit un cadre plus moderne pour la prestation de biens et services et envisage, au cours des 15 prochaines années, près de 100 milliards de dollars d’investissements des pays de l’AELE en Inde. Dans le domaine des infrastructures et de la mobilité notamment, l’APCE ouvre de nouveaux accès au marché. Les associations industrielles suisses, telles que Swissrail (industrie ferroviaire), Swissmem (machines/électronique) ou suisse.ing (ingénieurs), ont déjà manifesté un vif intérêt pour une coopération accrue. Grâce à l’APCE, l’économie d’exportation suisse bénéficie de la suppression des droits de douane et des barrières commerciales, renforçant ainsi sa position concurrentielle par rapport aux fournisseurs de l’UE et d’autres régions du monde. Pour un pays de PME orienté vers l’exportation tel que la Suisse, l’essor de l’infrastructure en Inde offre un potentiel considérable.
Dans ce contexte, Swissrail a mené , du 14 au 18 octobre 2025, une délégation économique de haut niveau à Delhi, la capitale indienne, et à Varanasi. Plus de 30 entreprises suisses ainsi que le SECO et la LITRA y ont participé. Les objectifs du voyage étaient de renforcer les relations économiques, d’ouvrir des marchés pour les entreprises suisses et de favoriser les échanges directs avec les entreprises et les décideurs indiens, le tout motivé par la volonté de renforcer le partenariat entre l’Inde et la Suisse par le biais de projets concrets.
Entrée de l’IREE 2025 à New Delhi, le plus grand salon ferroviaire d’Asie du Sud.
Delhi : le salon IREE, des rencontres de haut niveau et un signal politique
Le voyage a débuté à Delhi, une métropole dynamique comptant plus de 30 millions d’habitants. La délégation a participé à l’IREE 2025, le plus grand salon ferroviaire d’Asie du Sud et le deuxième plus grand salon ferroviaire au monde. Le Swiss Pavilion a accueilli 20 entreprises suisses issues du secteur des technologies ferroviaires et des transports, allant des grandes entreprises internationales aux PME spécialisées. La participation collective sous l’égide de Swissrail et soutenue par Switzerland Global Enterprise a suscité un vif intérêt.
Au Swiss Pavilion, 20 entreprises suisses se sont présentées à un public international de professionnels, envoyant ainsi un signal fort en faveur de l’ingénierie suisse sur le marché mondial de la mobilité.
Rencontre avec le Railway Board – Suite du dialogue bilatéral
La délégation suisse a également rencontré le Railway Board indien dans le cadre du programme. Cet échange faisait suite à la troisième réunion du groupe de travail conjoint, laquelle s’était tenue en janvier 2024 avec le ministre des Chemins de fer en marge du Forum économique mondial de Davos. Les représentants des deux pays avaient alors convenu d’approfondir leur coopération technologique dans le secteur ferroviaire. À Delhi, les priorités ont été définies plus concrètement. L’accent portait sur des thèmes tels que la numérisation, la technologie de sécurité, l’efficacité énergétique ainsi que la participation des entreprises suisses aux appels d’offres indiens. Les Indiens se sont montrés très intéressés par les solutions suisses aux exigences complexes du secteur ferroviaire. Dans une interview accordée au « Economic Times », Martin Saladin a déclaré que la Suisse souhaitait « soutenir activement l’Inde dans la modernisation de son secteur ferroviaire ». Les deux parties ont réaffirmé leur volonté de poursuivre le dialogue institutionnel au niveau opérationnel, la prochaine rencontre étant prévue à Davos dans le cadre du Forum économique mondial.
Échanges entre la délégation suisse et le Railway Board indien le 16 octobre 2025 à New Delhi : les priorités actuelles de la coopération ont été discutées dans le cadre du groupe de travail bilatéral conjoint. Les deux parties ont souligné leur forte volonté de poursuivre le dialogue technique en Suisse en 2026.
Partenariat pour la mobilité au niveau politique
Un autre temps fort a été la signature d’un mémorandum d’entente bilatéral sur la coopération en matière de mobilité. Le texte a été paraphé le 15 octobre 2025 à Delhi en présence de Nitin Gadkari, ministre des Transports routiers et des Autoroutes de la République indienne, de l’ambassadrice suisse Maya Tissafi, de Martin Saladin, vice-directeur et chef de la Direction de la promotion économique du SECO, ainsi que de la délégation Swissrail. Le mémorandum d’entente définit un cadre de coopération dans les domaines du développement durable des infrastructures, de la construction de tunnels, de la mobilité électrique et des systèmes de téléphériques urbains. L’objectif est de faciliter l’accès réciproque aux marchés et aux connaissances spécialisées, de mener des dialogues réglementaires et de développer conjointement des projets concrets.
Signature du mémorandum d’entente bilatéral sur la mobilité du 15 octobre 2025 à Delhi : le ministre Nitin Gadkari (au centre), l’ambassadrice suisse Maya Tissafi, le vice-directeur du SECO Martin Saladin et Shri V. Vashishta, secrétaire adjoint au ministère des Transports routiers et des Autoroutes, réaffirment avec la délégation Swissrail leur volonté d’approfondir le partenariat entre l’Inde et la Suisse dans le domaine de la mobilité.
Conclusion : l’Inde ouvre des portes et la Suisse doit en profiter
La Suisse et l’Inde s’apprécient mutuellement depuis longtemps et souhaitent renforcer encore leurs relations au cours des prochaines années. Le voyage de la délégation Swissrail a montré que l’Inde ouvrait ses marchés et était prête à aménager son infrastructure rapidement et de manière innovante. Pour cela, elle recherche des partenaires internationaux fiables et performants. La Suisse jouit d’une excellente réputation dans le secteur indien de la mobilité, tant comme fournisseur de technologies de pointe que comme partenaire politique fiable. L’accord de libre-échange APCE et le nouveau mémorandum d’entente sur la mobilité constituent désormais une base solide pour les projets impliquant la Suisse.
À l’issue de cette semaine intense, le potentiel considérable d’une coopération renforcée avec l’Inde et le rôle joué par la politique dans ce domaine sont apparus clairement. Grâce à l’APCE, la branche des TP suisse bénéficie désormais d’un véritable tapis rouge pour l'accès au marché : l’exonération des droits de douane et la réduction des formalités administratives constituent des avantages considérables. Cependant, un soutien politique reste nécessaire pour transformer concrètement ces opportunités en commandes et en emplois. Concrètement, la politique suisse peut apporter son soutien à plusieurs niveaux :
- Tirer parti durablement des accords commerciaux : une fois l’APCE conclu, il s’agira d’accompagner sa mise en œuvre et de promouvoir de nouveaux accords de libre-échange en Asie. L’industrie suisse restera ainsi compétitive à l’échelle mondiale.
- Diplomatie et réseaux : les voyages en délégation comme celui-ci ont un impact, car ils ouvrent des portes au plus haut niveau. Le maintien de relations régulières, par exemple par le biais de visites ministérielles en Inde, ou réciproquement, permet de poursuivre le dialogue et de montrer notre estime à nos partenaires.
- La Team Switzerland, ouvre des portes pour des projets d’infrastructure : l’approche coordonnée « Team Switzerland » est l’un des facteurs de réussite de l’exportation des technologies suisses dans le domaine des transports. Sous la direction du SECO, des organisations telles que Switzerland Global Enterprise, la SERV et Swissrail travaillent en étroite collaboration. Cette présence coordonnée ouvre concrètement aux entreprises suisses l’accès à des projets d’infrastructure complexes, notamment à des projets dits EPC (Engineering, Procurement, Construction).
- Promotion des exportations et financement : les instruments tels que le Swiss Pavilion, les Swiss Business Hubs et les agences de promotion des exportations (S-GE) devraient être renforcés afin que les PME en particulier puissent bénéficier d’un soutien professionnel à l’étranger. Parallèlement, les garanties de crédit à l’exportation et les assurances (SERV) sont essentielles pour sécuriser les grands projets sur les marchés émergents. L’exemple du téléphérique Varanasi montre à quel point cette assurance peut être importante.
- Favoriser les innovations : la politique peut soutenir l’industrie locale des TP par le biais de programmes de recherche et de projets pilotes afin qu’elle puisse développer des technologies de pointe à l’avenir également. Pratiquement tous les membres de Swissrail sont actifs dans l’exportation et servent déjà plus de 100 pays aujourd’hui. Si les entreprises suisses restent leaders dans des domaines tels que les systèmes ferroviaires numériques, la mobilité autonome ou les motorisations alternatives, leurs opportunités d’exportation augmenteront considérablement.
- Suppression des barrières commerciales : enfin, la politique devrait s’engager à l’échelle internationale en faveur de conditions de concurrence équitables et, dans le cadre de missions économiques par exemple, faire valoir les exigences de nos entreprises (notamment en matière de contenu local ou de normes). La coopération en matière de normalisation peut également être un moyen de réduire les obstacles techniques.
Une chose est sûre : les entreprises suisses spécialisées dans la technologie ferroviaire et des transports jouissent d’une reconnaissance mondiale. Cependant, un succès durable à l’exportation nécessite un soutien ciblé. Pour cela, toutes les parties prenantes, c’est-à-dire les entreprises, les responsables politiques et les associations, doivent unir leurs forces. Le voyage de la délégation en Inde a clairement montré ce qu’il est possible d’accomplir lorsque tout le monde tire à la même corde. Avec l’APCE comme fondement et un regain de bonne volonté politique, l'industrie suisse des TP est prête à se lancer sur la scène internationale. De nombreuses impressions persistent et nous confortent dans notre conviction que l’ouverture, le partenariat et la clairvoyance sont les clés pour saisir les opportunités de cette décennie. La Suisse est peut-être petite, mais avec le soutien adéquat, elle est capable d’accomplir de grandes choses dans un pays comme l’Inde, où les projets d’envergure sont légion. Conformément à la devise : ensemble, nous sommes sur la bonne voie.
À partir du 1er octobre 2025, les droits de douane seront supprimés sur pratiquement l'ensemble des exportations de la Suisse vers l’Inde, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour le secteur des TP
Cet article de blog est la deuxième partie consacrée au thème de la mobilité et des opportunités économiques en Inde. Tandis que la première partie expliquait les fondements et le potentiel du nouvel accord de libre-échange entre la Suisse et l’Inde, le présent article approfondit les perspectives avec des impressions et des conclusions concrètes issues d’un voyage sur place effectué par une délégation suisse.