Le frein à l’endettement ne doit pas devenir un frein à la mobilité : le colloque de session de la LITRA sous le signe des mesures d’économie

Ce cher argent. Pratiquement aucun autre sujet ne suscite actuellement autant de discussions au sein de la Confédération que les finances publiques tendues et, par conséquent, la question de savoir où il faut économiser. Les transports, tant routiers que ferroviaires, ne sont pas épargnés par les mesures d’économie proposées. En effet, le domaine des transports est le troisième poste de dépenses de la Confédération.

La branche des TP est tout à fait disposée à apporter sa contribution pour un budget équilibré, comme l’a souligné le président de la LITRA, Martin Candinas, dans le cadre du colloque de session de la LITRA à Berne.

« La branche des TP peut apporter sa contribution financière en premier lieu en attirant davantage de personnes dans les TP et en améliorant constamment son efficacité. En même temps, nous devons veiller à ce que des mesures d’économie à court terme ne viennent pas affaiblir durablement notre système de TP de qualité. »

Pour le président de la LITRA, Martin Candinas, il est clair que la branche des TP contribuera elle aussi à des finances saines, mais qu’une réduction de l’offre des TP suisses n’est pas une option. © LITRA

En effet, les TP suisses font bouger la politique et les médias mais aussi, littéralement, les gens. « Depuis maintenant quinze trimestres consécutifs, nous enregistrons une dynamique positive remarquable dans le transport ferroviaire de voyageurs », souligne Martin Candinas. « L’année dernière, les chemins de fer ont établi un record absolu avec près de 23 milliards de passagers-kilomètres. »

La Suisse : un pays de voyageurs pendulaires

Les TP sont très appréciés, notamment par les voyageurs pendulaires. C’est ce que montrent les chiffres actuels de l’Office fédéral de la statistique (OFS). Selon ces derniers, la part des TP dans les moyens de transport principaux est passée de 27,3 % (2020) à 30,5 % (2023) pour les quelque 3,6 millions de personnes qui font la navette entre leur domicile et leur lieu de travail.

Dans le même temps, la part des déplacements en voiture est passée pour la première fois sous la barre des 50 % au cours de la même période (2023 : 49,8 %).

La part des TP chez les voyageurs pendulaires augmente, tandis que celle des trajets en voiture diminue. © LITRA

À cela s'ajoute le fait que les TP sont attrayants pour les voyageurs pendulaires en Suisse d’un point de vue financier également. Dans l’étude comparative des prix récemment actualisée de la LITRA, il apparaît que les prix des TP en Suisse, en parité de pouvoir d’achat, se situent dans la moyenne en comparaison internationale. Dans cette comparaison, les personnes qui voyagent souvent, les pendulaires notamment, bénéficient d’offres avantageuses en Suisse.

En outre, le prix n’est qu’un des nombreux facteurs contribuant à la performance globale d’un système de TP. Pour évaluer une offre de prestations convenablement, il ne suffit pas de comparer les prix.

La question déterminante est la suivante : qu’est-ce que j’obtiens pour mon argent ? « Concernant la qualité de l’offre de TP, nous nous démarquons nettement des autres pays », souligne Martin Candinas. « En termes de densité du réseau, de fréquence des liaisons ou de ponctualité, notre système de transports publics est nettement en avance sur les pays voisins. » D’autres pays ont une longueur d’avance sur nous uniquement dans le domaine des liaisons à grande vitesse.

Dans le domaine de la qualité de l’offre, les TP suisses se distinguent surtout par la densité de l’offre et du réseau et par une excellente ponctualité. © LITRA

Les TP en tant qu’acteur important de la mobilité durable

Nous devons absolument prendre soin de ce système de haut niveau. Car en fin de compte, les principales caractéristiques uniques des TP suisses, telles que les horaires harmonisés, les liaisons ponctuelles dans toute la Suisse et le système tarifaire intégré avec un seul billet pour un voyage complet, sont également largement ancrées au sein de la population.

« Notre système de TP, dont environ la moitié est financée par la Confédération et les cantons, est devenu indispensable à notre économie », explique Martin Candinas. « De même, c’est un élément central pour nos futures solutions de mobilité. »

Pour le président de la LITRA, il est clair que la Suisse ne doit pas mettre en danger son système de TP renommé et bien ancré au sein de la population par des efforts d’économie peu judicieux.

« Dans le domaine des infrastructures, le frein à l’endettement ne doit pas devenir un frein aux infrastructures. En effet, les investissements et les travaux d’entretien non réalisés et reportés à plus tard, ainsi que les aménagements nécessaires des infrastructures, ne sont finalement rien d’autre que des dettes que nous transférons aux générations suivantes. »

Selon un sondage de la SRF, 95 % des Suisses interrogés s’opposent aux mesures d’économie dans les TP. © LITRA

Économiser ? D’accord. Mais où et comment ?

Une chose est sûre : la Confédération doit faire des économies, y compris dans le domaine des transports. Sabine D’Amelio-Favez a montré à quoi cela pourrait ressembler et dans quels domaines la Confédération prévoit de faire des économies dans le secteur de la mobilité.

La directrice de l’Administration fédérale des finances (AFF) a informé les invités dans le cadre de son exposé introductif sur les 27 mesures proposées dans le programme d’allégement budgétaire pour le domaine des transports. « L’essentiel est que les mesures d’économie soient réparties de manière équilibrée. Tous les domaines d’activité doivent contribuer au programme d’allégement – pas seulement, mais aussi le domaine des transports », souligne Sabine D’Amelio-Favez.

Dans le cadre du colloque de session, la directrice de l’AFF, Sabine D’Amelio-Favez a présenté en détail le programme d’allégement budgétaire 2027 et montré sur quel domaine des transports la question des économies se concentre. © LITRA

Suite à l’exposé de la directrice de l’Administration fédérale des finances, trois participants directs se sont exprimés sur les mesures proposées dans le cadre d’un podium de discussion.

En compagnie du directeur de la LITRA, Michael Bützer, Fabian Schmid, CEO de RBS, Daniel Schafer, CEO de BLS, et le Conseiller d’État Fabian Peter, président de la CTP, ont discuté des mesures proposées et de leurs conséquences pour les transports publics en Suisse.

Podium de discussion avec Fabian Schmid (RBS), Daniel Schafer (BLS) et le Conseiller d’État Fabian Peter (CTP), en compagnie du directeur de la LITRA Michael Bützer, sur les mesures d’économie prévues dans les transports publics. © LITRA

Tout le monde était d’accord sur ce point lors du colloque de session de la LITRA : la Suisse ferait bien de ne pas porter atteinte à long terme à son système de TP bien développé, établi au niveau national et admiré au niveau international, par des mesures d’économie à court terme.

« En effet, contrairement au transport individuel motorisé, le transport de masse est un business à long terme et à forte intensité capitalistique. Les TP ont besoin d’investissements importants dans les infrastructures et les véhicules pour pouvoir proposer des offres de qualité », explique Martin Candinas.

Plus de 100 invités ont suivi la discussion avant de profiter du déjeuner commun pour échanger activement sur l’avenir des TP suisses. © LITRA

Les mesures d’économie à court terme conduiraient ainsi presque inévitablement à une réduction de l’offre de TP, laquelle se répercuterait sur l’utilisation des TP.

Par conséquent, pour le président de la LITRA, une chose est claire : « Les TP doivent également apporter leur contribution à l’assainissement du budget de la Confédération. Mais la LITRA s’opposera résolument aux propositions d’économies contre-productives. Le système des TP suisse est trop précieux en termes de qualité. »