Commentaire : Les transports publics sont l'épine dorsale de notre Suisse

Chaque personne qui monte dans le car postal au petit matin, prend le bus à midi ou le train pour rentrer à la maison , participe à faire des transports publics une réussite. Près de trois millions de personnes les utilisent quotidiennement à travers la Suisse. Ils relient les capillaires du territoire – les villages et vallées – aux artères dynamiques que sont les villes et agglomérations.

Mais il ne faut pas tenir ce système pour acquis. Rares sont les lignes qui couvrent entièrement leurs coûts. Un peu plus de la moitié des coûts du transport régional de voyageurs est financée par les usagers, la Confédération et les cantons se partageant le reste. La Confédération participe depuis toujours de manière paritaire. Pour que ce système fonctionne, un crédit d’engagement régulier est essentiel. Le Parlement fédéral doit à présent se prononcer sur celui des années 2026 à 2028. Le Conseil fédéral propose d’y consacrer 3,364 milliards de francs, ce qui est nettement inférieur aux besoins avérés des entreprises de transport.

À mes yeux, il est clair que ce crédit d’engagement doit être revu à la hausse, sans quoi l’offre risque de subir des coupes douloureuses. Les exigences ne font que croître, que ce soit en matière de sécurité et d’accessibilité, de décarbonation du transport par bus ou d’investissements dans du matériel roulant moderne. Or, la Suisse reste tributaire de transports publics performants pour son attractivité économique, pour assurer des conditions de vie équivalentes dans toutes ses régions et pour contribuer à la protection du climat. Seule une offre attrayante est à même de maintenir une forte demande et de faire de la Suisse un leader européen en termes d’utilisation des transports publics.

L’importance des transports publics ressort particulièrement dans le canton des Grisons, un canton à la topographie unique et le plus vaste de Suisse. Une offre exhaustive couvrant l’ensemble du territoire n’y est pas simplement souhaitable, mais vitale pour la population, l’économie et le tourisme. Tandis que d’autres cantons profitent avant tout de trajets courts, les transports publics sont pour nous, les Grisons, une artère cruciale pour la cohésion de notre canton.

En tant que président de la LITRA – le service d’information pour les transports publics – le développement de l’offre de TP me tient particulièrement à cœur. Cela fait de nombreuses années que je m’engage pour que la Suisse garde non seulement une longueur d’avance en matière de TP, mais aussi pour qu’elle poursuive sans relâche ses efforts de développement. Notre système est admiré par le monde entier pour sa qualité, sa fiabilité et son efficacité. Il ne faut surtout pas risquer de le perdre.

Bien entendu, les entreprises de transport doivent également faire preuve d’une gestion efficace et de capacité d'innovation. Mais l’idée que l’on puisse combler le déficit simplement par des économies et une hausse des recettes provenant de la vente des billets est une illusion. Sans une contribution plus élevée de la part de la Confédération, les régions rurales, particulièrement dépendantes des transports publics, risquent de connaître des coupes massives.

C’est pourquoi un engagement clair de la part des politiques est aujourd’hui nécessaire : le transport régional de voyageurs n’est pas optionnel, il est fondamental. Et il coûte cher. Mais chaque franc investi en vaut la peine.

Il est ainsi à espérer que la Commission des transports et des télécommunications du Conseil des États aura le courage de proposer cette semaine une augmentation de la contribution fédérale et que le Conseil des États et le Conseil national approuveront cette proposition. La Suisse ne peut se permettre de faire machine arrière en matière de transports publics, qui maintiennent l’unité de notre pays, relient nos régions et constituent l’épine dorsale de notre mobilité durable.

Tribune de Martin Candinas, parue dans le journal quotidien Südostschweiz du 30 août 2025. Dans la rubrique "Politique bernoise", les membres grisons des Chambres fédérales s'expriment à tour de rôle.